Bien que la célébration de l'équinoxe du printemps fut largement compromise le lundi 21 Mars (et oui, quand on cumule deux jobs étudiants pour financer des études, qu'à cela s'ajoute la confection d'un mémoire de recherche, les tâche ménagères et la gestion de petits problème de santé, le temps est une denrée qui se fait rare), nous avons entreprit de faire la fête le weekend suivant.
Samedi 23h00
Après avoir décoré la maison de mille et une fleur parfumées, mon compagnon balance sac de couchage, réchaud et nourriture lyophilisée dans le coffre de la voiture et m'annonce qu'une super méga fête dans la célèbre "montagne noire" n'attend que notre arrivée. Pour ceux qui ne nous connaissent pas encore, outre notre passion pour la nature et les anciennes traditions, nous sommes de grands amateurs de free party.
Définition Wikipédia
Free-party : "Une free party (aussi nommée free, teuf,"tawa, fête libre ou chouille) est une fête tekno gratuite ou dont le tarif à l'entrée (donation) est libre et laissé à l'appréciation des participants. La free party se déroule souvent dans la nature (forêt, montagne…) ou dans des usines ou hangars désaffectés"
Alors on s'engage dans un trajet d'environ deux heure et demi en direction du Tarn, à la recherche du site des festivité. Arrivée sur les chapeaux de roues, embrassade à tout va aux connaissances de longues dates et à ceux que nous ne connaissions pas encore, "joyeux printemps" !!!
Dimanche 02h00
La fiesta commence, chacun se trémousse devant les caissons, les DJs sont déchaînés, les températures sont acceptables, les gens sont heureux, on rigole, on papote autour du feu, on picole, on délire, un véritable bonheur ! Ici, pas de norme, personne ne vous juge, personne ne vous regarde, cet endroit est en marge de la société, hors des codes de conduites que nous impose le système.
Dimanche 8h00
L'euphorie est à son comble, le son est parfait, mais là ... la lumière des gyrophares pointe le bout de son nez au bout du sentier qui mène à la soirée : ce sont les forces de police, bien décidées à entraver notre rassemblement. Ils sont nombreux, beaucoup trop d'ailleurs. Pas même le temps de s'expliquer qu'ils ont déjà sorti l'attirail : bombe lacrymo, tonfa, menotte.Ils arrêtent les générateurqui alimentent les enceintes, et tandis que certains cherche à fuir, d'autre comme moi et mon homme restent immobiles... erreur ! En moins de quelque minute, je suis plaquée au sol, rouée de coup, menotté et, comme on dit dans la profession, je suis "envoyé au dépôt"
Dimanche 20h00
12h de garde-à-vue durant lesquelles se sont succédé de multiples interrogatoire-sermons tous plus humiliants les uns que les autres m’ont lessivés. Je retrouve mon chéri à la sortie et je comprends très vite qu'ils ne se sont pas montrés très tendre avec lui. Des bleus, des écorchures. Epuisé, mais pleins d'une rage indescriptible, nous rentrons sagement à domicile après avoir récupéré notre véhicule à la fourrière municipale.
Je me sens meurtris, au plus profond de mon être. Mais attention, on ne peut pas parler d'agression lorsqu'il s'agit d’affaire d'autorité, on parlera seulement de répression policière. Ironiquement j’aurais envie de dire qu’après tout, ils avait une bonne raison de se défouler sur nous : nous faisions la fête, en dehors de tout contrôle, en dehors des règles, à écouter de la musique de "sauvage", à pendre des produits stupéfiants, à commémorer l'humanité tous ensemble, alors que nous aurions mieux fait de rester cloîtrer dans notre individualisme comme tous ces moutons qui suivent les directives de ceux qui tirent les ficelles. Notre rassemblement en dehors des bons usages de la société, notre revendication de la liberté, on nous l'a fait payer cette nuit-là. Il faut filer droit dans ce monde ou chacun ne pense qu'à lui-même, où toute chose a un coût, ou suivre une mode est la seul préoccupation qui devrait nous obséder.
Alors voilà, un gros coup-de gueule face à ce pays qui s'autoproclame démocratique mais qui montre tous les signes d'une dictature. Un Ostara assez étrange donc, parce que si tu n'es pas comme les autres, si tu penses par toi-même au lieu d'adopter l'opinion du journal de 20h, tu fini au poste et cela, même si tu as décidé de te cacher au fond de la forêt pour être vivre ta différence.
Le début d'un printemps bien chaotique, mais voilà, la leçon que nous a porté la nature est bien plus grande encore que notre déception :
L'envie de se battre contre ce système, l'impression qu'il ne faut plus se taire, voilà ce qui a germé en moi, et en tous ceux qui était rassemblé autour du son cette soirée-là. Nous n'irons plus seulement en free-party pour festoyer, désormais, ce sera une sorte de cri de liberté dans un monde qui cherche à nous rendre tous muets.